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  • Photo du rédacteurLes Rouckers Trotteurs

Automne

C’est l’automne, les arbres rougissent et les feuilles sont orangées sous mes pieds. Il est 9h et je prends la route pour rejoindre ma première classe ce matin. Une nouvelle journée qui, à fort parier, ressemblera à celle de la semaine dernière le même jour. Le trottoir est parsemé de ces belles couleurs jaunes et orangés et le vent souffle doucement sur mes joues qui rougissent de cette brise automnale. Cela fait bien longtemps que la ville est éveillée et tout autour de moi les étudiants s’agitent pour se diriger vers leur classe. Mon Thermos de café dans la main, je pousse la porte de mon premier cours et me dirige vers un des petits sièges de ce grand amphithéâtre. La pièce est bruyante, remplie d’étudiants ambitieux prêts à écouter ce professeur de relations internationales. Pas sûre de savoir si je suis vraiment au bon endroit, j’ouvre mon ordinateur et commence à prendre des notes. Globalisation et inégalités mondiales, commerce international et environnement, voilà des sujets bien intéressants pour bien commencer la journée. Une gorgée de café et me voilà prête à taper sur mon clavier toutes les informations les plus importantes à retenir.


10h50 pile et l’amphithéâtre perd toute sa tranquillité pour se transformer en une tempête d’étudiants plus pressés les uns que les autres à quitter les lieux. Casque sur les oreilles et musique explosive me raccompagnent à ma chambre ou je m’empresse de me jeter sur mon lit. J’ai 20 minutes avant ma prochaine classe et pour me récompenser d’avoir tenu une heure et demi assise sur ce fauteuil à prendre des notes je m’octroie quelques minutes pour jouer sur ma tablette. Mes doigts glissent sur l’écran pendant que je pense aux devoirs que je devrais être en train de faire mais qui peuvent sans doute attendre. Les minutes passent en un rien de temps tout comme les journées et les semaines depuis mon arrivée ici. Je ne suis pourtant pas si occupé que ça, je dirais même que je m’ennuie la plupart du temps. Je range ma tablette dans mon sac, reprend une gorgée de café et me revoilà à observer mes pas qui se faufilent entre ces jolies feuilles colorées. Je reprends exactement le même chemin, entre dans le bâtiment et pousse le bouton pour rejoindre le troisième étage. Un « ¡Holà! » de la professeur m’incite à trouver une place et sortir mes affaires rapidement. J’aime cette classe, elle est petite et plus chaleureuse que les amphithéâtres. J’y apprend cette langue latine qui me rappelle des souvenirs de notre belle aventure familiale qui me semble déjà si lointaine.


Les minutes filent et me voilà de nouveau à marcher tête baissée admirant ce tapis orangé en direction de mon restaurant préféré. J’attrape mon plat indien et trouve une table ou déjeuner. Ce poulet épicé me rappelle les saveurs d’Asie qui me manquent. Ma langue pique mais je ne me laisse pas décourager. Il est 15h et je me dirige maintenant à l’autre bout du campus pour prendre le bus. Comme chaque choix avant ma classe d’écriture je fais la route avec Bella une américaine qui par hasard s’avère se débrouiller très bien en français. Elle me raconte sa journée et je lui raconte la mienne assise côte à côte. Une conversation en français d’une vingtaine de minutes le temps de rejoindre le deuxième campus de l’école un peu plus au nord de la ville. Ce campus est magnifique, perché sur une colline dans un petit coin de nature hors de l’effervescence de la capitale. Nous faisons escale dans un café puis nous nous dirigeons à reculons vers notre classe d'écriture sur l'Afrique et la diaspora africaine enseignée par cette professeure trop souvent ronchonchon. Je repousse le moment depuis quelques jours maintenant mais il est temps de commencer à travailler sur mon dossier de recherche sur l'Influence du Reggae et de Bob Marley sur le Mouvement de Paix en Jamaïque dans les années 1970. Sujet qui me semble intéressant et devrait m'apprendre pleins de choses. Je m'impatiente sur ma chaise, fixant l'écran de mon ordinateur en espérant faire passer les minutes plus rapidement. Le chemin du retour est souvent intéressant étant donné l'humeur de la professeure qui nous offre toujours matière à converser. De retour dans le cœur de la capitale, nous nous dirigeons sans plus attendre vers la cafétéria. Chaque jour, ou presque, 18h est mon rendez-vous social ou je retrouve mes nouveaux copains pour dîner. On discute et parle des tendances, rien de très profond finalement mais ils me tiennent compagnie et me rappellent que je ne suis pas la seule à manquer ma famille.


Je rassemble mes affaires, débarrasse mon assiette et attrape un cookie avant de me diriger vers la sortie. Le campus fourmille tout autant que 12h auparavant mais les vives couleurs orangées se sont transformées pour laisser place à un environnement plus sombre. Casque sur les oreilles, je rejoins tranquillement ma résidence sous un ciel bleu nuit. L'envie de me jeter sous ma couette et de regarder un documentaire est très tentante mais j'ai quelques articles à lire pour ma classe d'anthropologie demain. Un vingtaine de pages sur la population des Bushong et leur structure politique centralisée qui s'appuient davantage sur la prise de décision individuelle... je finis enfin cet article qui, pour être honnête, ne fait pas vraiment sens dans ma tête. Ce cours d'anthropologie ne m’inspire définitivement pas! L'appel de mon lit est maintenant trop tentant pour y résister alors je saute sous la douche avant de m'envelopper sous mes draps bleus. Face à mon ordinateur, je suis prise d'un choix difficile: quels films choisir? et comme la plupart des soir je finis par regarder un documentaire sur l'environnement ou sur la société, rien de très palpitant. Les heures tournent et me voila de plus en plus anxieuse, mon cerveau roule à toute vitesse et je sais que mes yeux ne sont pas prêt à se fermer avant un bout de temps. Les lumières sont éteintes et j'entend ma colocataire respirer bruyamment de l'autre côté de la chambre. Je m'invente des histoires dans ma tête, essaie de méditer mais rien à faire, des dizaines d'idées fusent dans mon esprit. Je prends mon téléphone dans l'espoir d’y trouver de quoi m'occuper. Il est 3h et l'inspiration me vient, alors je décide d'écrire. Les minutes passent et des centaines de mots prennent forme sous mes doigts agités.


Je peaufine les dernières lignes de cet article écrit au beau milieu de la nuit. Il est 4h30, enfin mes paupières se ferment me laissant sur cette pensée: finalement cet article est mon préféré…


A bientôt,

Pauline





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